Marchés publics et télécoms, le mariage impossible.

Depuis que nos offres commencent à être connues – et reconnues ! – dans le monde de la fibre optique, certaines communes font appel à nos services dans le but de comprendre plus en détail leur complexe facture télécom.

L’ampleur du problème est telle que pour des communes de taille moyenne (40k habitants), ce sont des factures de plusieurs milliers d’euros par mois qu’il nous est demandé d’analyser, pour des contrats connectant une flotte de mobiles, de téléphonie fixe, et d’accès internet, répartis sur de nombreux sites communaux, et dont la nature des prestations est souvent obscure.

En atteste le temps passé à ces analyses, car lorsque nous devons reprendre chaque site, vérifier son besoin et valider le choix technique qui a été fait, cela peut prendre plusieurs jours, ou semaines selon l’ampleur de la tâche, représentant des facturations importantes aux collectivités.

Ces études, très fastidieuses, réalisées par nos équipes expertes en marchés des télécoms, permettent systématiquement de mettre en avant les anomalies, souvent grossières ou très coûteuses, de raccordement ou de téléphonie.

Par exemple, on peut découvrir au détour de certaines factures, des accès FTTO, voire des Lan to Lan inter-sites, à des débits honorables allant jusqu’à 1 Gb/s, et pouvant être facturés plus de 2500 € HT / mois depuis plus de 10 ans.

Certes, ce prix pouvait se justifier au temps où la fibre n’était qu’un vague mirage, mais cela ne justifie ni le maintien, ni la non-renégociation des contrats à chaque échéance contractuelle.

La faute aux changements de bords politiques, aux élections re-brassant l’ensemble des forces vives d’une mairie tous les 6 ans, et, mettons les pieds dans le plat : aux copinages entre élus et représentants commerciaux de certains opérateurs.

Par la même, il est très courant d’être témoins d’accord « cadre », obligeant une mairie, sur parfois plus de 15 ans d’engagement, de souscrire l’ensemble de ses besoins télécoms auprès d’un seul opérateur, national évidemment, sans avoir validé une quelconque grille de prix à l’avance, ou renégocié les termes de cette exclusivité dans le temps.

Et c’est ainsi, que mandats après mandats, une commune peut se retrouver à disposer d’un nombre d’accès ou de téléphones particulièrement volumineux, à des prix très divers et variés (souvent pour une même prestation, la faute aux aléas marketing), et dont la maîtrise finale n’est pas toujours évidente pour les services informatiques publics.

Il est hallucinant, dans notre marché régulé et libéralisé, que nous assistions à certaines scènes entre des Maires, des Adjoints, ou des Vice / Présidents d’agglomérations, et des représentants d’opérateurs nationaux, qui partent parfois en vacances, déjeunent dans des restaurants prestigieux, ou disposent d’une puce 4G illimitée et gratuite, en échange d’un accord d’exclusivité avec ledit opérateur.

Ayant été élu dans une commune semi-urbaine du département du Nord pendant 4 ans, je peux notamment attester (et j’ai précieusement gardé le dossier), qu’il m’a été remis un dossier, de près de 150 pages, par l’opérateur historique, présentant tous les bienfaits de son action locale dans les télécoms, et proposant évidemment une incroyable panoplie de prestations dont la souscription est facilitée par la mise à disposition d’un bon de commande spécialement formaté pour être traité par les trésoreries municipales.

Que dire aussi, des rumeurs, « on-dit », et autres affabulations souvent proférés par nos confrères opérateurs à l’encontre des opérateurs locaux, prétextant de notre incompétence, et de notre incapacité à innover. C’est bien mal connaitre le monde des opérateurs régionaux et locaux. Cette proximité doit certainement faire peur à certains représentants, se sentant mis à l’épreuve par des « petits nouveaux » qui ont tout à prouver, et tout pour réussir.

Ce lobbying, particulièrement bien exécuté, vise aussi, parfois, à amener les élus à adapter leur marchés publics afin qu’il puisse rentrer dans les « cases » des produits de l’opérateur lobbyiste. L’exemple le plus flagrant et récent que je peux vous citer concerne le marché public de la ville de Quiévrechain (département du Nord), qui exigeait dans son CCTP, de pouvoir disposer d’un accès T0 à T2 analogique. C’est bien sympathique de l’exiger, sauf qu’il est impossible de commander ces accès auprès de l’opérateur historique depuis maintenant quelques années, afin de forcer l’évolution technologique vers les solutions IP et numériques.

Dans ce même marché, il est question également de téléphonie mobile. Et bien pourquoi pas proposer nos services ?! Nous sommes opérateurs MVNO depuis maintenant presque 1 an ! Et bien non, raté. Le pouvoir adjudicateur exige un grand nombre de fonctionnalités tel qu’un logiciel de MDM (Mobile Device Management) facturé directement sur les abonnements. Malheureusement seuls les grands opérateurs disposent en général des outils permettant de répondre à ce besoin. Nous étions peut-être moins chers ? Nous ne le saurons jamais, puisque nous n’avons pas répondu à ce marché pour ces raisons (et il y en a beaucoup d’autres).

Que penser alors de ce marché public ? Est-il truqué ? Est-il manipulé et adapté afin que seul l’opérateur actuellement fournisseur puisse répondre en continuant simplement sa prestation actuelle ?

Il est difficile de répondre à cette question puisque cette mairie a notamment décidé de ne pas nous consulter en tant qu’opérateur local, situé à moins de 15 Km de cette commune, et pouvant proposer des prestations équivalentes et à tarifs percutants.

Extrait de la plaquette comportant nos offres FTTO

Ces élus ne disposent-ils pas des compétences pour comprendre les enjeux de leurs marchés et du lobbying dont ils sont victimes ? Est-ce que ces élus sont en réalité tout à fait conscients des décisions qu’ils prennent ? Il est bien délicat de le dire. Mais la question est ouverte, et je la trouve très pertinente.

Si l’on reprend l’ensemble des demandes qui nous ont étés formulées par les mairies, qu’elles soient rurales, ou urbaines, petites ou grandes, nous avons pu faire baisser la facture télécom en moyenne de 40 %, ou permis d’augmenter le débit de façon significative (parfois par un facteur x1000) à un coût strictement identique à la solution précédente.

La vraie force de notre action, c’est surtout d’être à l’écoute des craintes, des peurs, ou des incompréhensions des élus. Lorsqu’ils sont humbles et nous expliquent qu’ils « ne comprennent rien à qui fait quoi dans les télécoms », nous les aidons, leurs expliquons et les formons à la compréhension du monde des télécoms, et de l’organisation qui s’articule actuellement en France. Et c’est souvent à travers cette prestation gratuite de conseil, que nous gagnons la confiance des élus qui nous ouvrent leur porte, et via laquelle parfois, nous apportons des solutions pertinentes, locales et personnalisées à toutes les collectivités qui nous le demandent.

– Article rédigé par Jérémy MARTIN, PDG de Techcréa Solutions.

Pourquoi tout le monde se met à la fibre ?

Pourquoi le déploiement fibre optique est-il, à l’heure actuelle, surnommé le « Premier Chantier de France » ? Pourquoi les entreprises et les particuliers ont-ils tout intérêt à passer à la fibre ? ­

1 – Le « Plan France Très Haut Débit »

A – Des objectifs ambitieux

Nous l’évoquions dans notre article précédent, il est temps de rentrer dans les détails. À l’initiative du gouvernement, le Plan FTHD a été adopté le 28 février 2013 et a pour but de généraliser l’accès internet très haut débit sur le territoire français.

L’ambition ? Couvrir l’intégralité du territoire. D’abord prévu pour 2022, cet objectif a ensuite été repoussé à 2025 et, à l’heure où nous écrivons ces lignes, Orange – propriétaire du Réseau Téléphonique Commuté (« RTC ») et de la quasi-totalité des infrastructures Telecom – a pris ses engagements pour 2030. Afin de pouvoir mener à bien ce projet pharaonique, plusieurs milliards d’euros y ont été alloués. Cela permet entre autres aux collectivités territoriales de financer le déploiement de la fibre optique dans des zones peu habitées, dont le raccordement ne serait pas rentable assez rapidement pour les opérateurs privés.

Car l’état n’est effectivement pas le seul acteur de ce plan FTHD :

  • Les opérateurs privés : ce sont généralement eux qui réalisent et financent les travaux ;
  • Les collectivités territoriales financent le déploiement là où les opérateurs font défaut.

Lorsque l’on parle de « Très Haut Débit », il faut bien comprendre que l’on parle majoritairement de fibre optique. Le réseau RTC, comme nous le verrons plus en détail dans la suite de cet article, est voué à disparaître, trop limité et trop laborieux à entretenir. Les travaux consistent donc principalement à déployer de tous nouveaux réseaux de fibre optique, les technologies alternatives (4G, câble, satellite….) ne constituant qu’une partie minoritaire – mais non négligeable – du projet. Les technologies filaires comme le câble seront d’ailleurs elles aussi probablement vouées à disparaître.

B – Du plan Câble au plan FTHD

Ce n’est pas la première fois que l’Etat envisage le déploiement de la fibre optique à échelle nationale. Le « Plan Câble », ambitionné peu après le « Plan Téléphone » dans les années 1970 ayant amené au déploiement de lignes téléphoniques sur l’ensemble du territoire français, était déjà un projet ambitieux. Mais la direction étatique responsable du projet s’est peu à peu transformée en établissement public, donnant naissance à France Télécom, et les exigences ont été revues à la baisses pour être progressivement laissées de côté. Seules quelques rares collectivités, comme Biarritz, ont alors pu profiter de ce déploiement fibre et le reste de la France s’est tourné vers les réseaux câblés ou ADSL.

À partir de 2009, le remplacement des réseaux cuivre par des réseaux optique redevient un sujet d’actualité mais l’État ne se place plus en acteur direct de cette transformation. Il limite son activité à l’encadrement réglementaire des initiatives publiques locales, négocie avec l’UE afin de faciliter les emprunts locaux…. c’est également l’avènement du Plan National Très Haut Débit, suivi donc, en 2013, par le Plan France Très Haut Débit. 

2 – L’arrêt du Réseau Téléphonique Commuté (RTC)

Conséquence du plan THD ou calcul économique, le décommissionnement du RTC annoncé par Orange ne laisse pas d’autre choix que de suivre le mouvement vers le très haut débit.

A – Qu’est-ce que le RTC ?

Avant la fibre optique, les télécommunications et accès internet filaires s’effectuaient par le biais du Réseau Téléphonique Commuté (« RTC »). D’abord détenu par France Télécom, le RTC a ensuite, en toute logique, été récupéré par Orange. Mais qu’entend-t-on exactement par “Réseau Téléphonique Commuté” ? 

Il s’agit du réseau téléphonique classique comme nous le connaissons depuis les années 1980, le terme “commuté” signifiant que les communications sont rendues possibles grâce à des commutateurs automatiques permettant d’établir une liaison temporaire entre deux terminaux. À l’origine, ces commutations étaient établies manuellement par des opérateurs et opératrices via des cordons souples à fiche et des tableaux d’arrivée et de départ d’abonnés. 

Source : France Telecom, APH, Bureau téléphonique de Gutenberg, Paris, 1920

Si le premier commutateur automatique et le cadran de numérotation à dix chiffres permettant d’établir une liaison entre deux abonnés d’un central sans intervention humaine ont été brevetés en 1891, ce n’est qu’au début du XXe siècle, aux Etats-Unis, que les premiers commutateurs automatiques ont été installés.

Les liaisons entre les centraux téléphoniques (“boucles locales”) sont composées de câbles multipaires (câble électrique combinant différents signaux ou alimentations dans un seul câble gainé.) en cuivre. Physiquement, ce sont tous les câbles urbains que l’on peut voir dans les rues, des câbles souterrains ou encore la paire de fils arrivant chez l’usager. 

Schéma simplifié d’une boucle locale RTC

En France, la boucle locale cuivre appartient à Orange, dû à son héritage de France Telecom. Jusqu’en 2000 tous les usagers payaient un abonnement à France Télecom en sus de leur opérateur mais ceux-ci peuvent désormais prendre en charge eux-mêmes ces frais ; c’est le dégroupage total.

Si le réseau RTC présente un certain nombre d’inconvénients (le cuivre est par exemple sensible aux interférences électromagnétiques) il avait tout de même l’avantage d’être auto-alimenté (bien que de nos jours, les téléphones modernes possèdent pratiquement tous leur propre source d’alimentation externe). Les combinés téléphoniques ne sont d’ailleurs pas les seuls qui emploient le réseau RTC : de nombreux systèmes de télésurveillance, par exemple, y sont raccordés. 

Cependant, le coût de maintenance de ces infrastructures (incombant à Orange) soulève la question de la pertinence d’entretenir parallèlement les deux réseaux (fibre/rtc). Des pays comme la Suisse, la Croatie ou la Macédoine ont d’ailleurs déjà fait la bascule vers le tout IP. (Les liaisons ne se font plus de numéro d’abonné à numéro d’abonné, mais d’adresse IP de box à adresse IP de box) En novembre 2019 l’opérateur historique a donc annoncé officiellement son programme d’interruption du RTC et a dévoilé les phases de celui-ci.

B – Un arrêt progressif

Pour permettre une transition en douceur, le décommissionnement des quelques 110 millions de kilomètres de câbles de cuivre du réseau RTC se fera par paliers temporels et zones géographiques. 

  1. Arrêt de la production de nouveaux accès RTC par Orange : 
    1. Depuis le 15/11/2018, il n’est plus possible d’ouvrir de nouvelles lignes analogiques sur le territoire métropolitain. Les lignes existantes continuent de fonctionner ;
    2. Depuis le 15/11/2019, les lignes numériques de base (RNIS T0 principalement utilisées par les entreprises) ne sont plus commercialisées en France métropolitaine. Les lignes existantes continuent de fonctionner ; 
    3. À partir du 15/11/2020, les lignes analogiques cesseront également d’être commercialisées dans les département d’Outre-mer ainsi qu’à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, les lignes existantes continueront de fonctionner ;
    4. À partir du 15/11/2021, arrêt de la commercialisation de nouvelles lignes RNIS T0 sera étendu à l’ensemble des départements d’Outre-mer, Saint-Martin et Saint-Barthélémy. Les lignes existantes continueront de fonctionner.
  1. Fermeture technique progressive : 

À partir de fin 2023, Orange mettra progressivement fin à la technologie RTC, procédant par “plaques” géographiques L’Arcep (l’autorité régulant le marché télécoms) impose d’annoncer au moins 5 ans à l’avance les plaques devant être fermées, afin de permettre à l’ensemble des opérateurs de la zone concernée ainsi que les utilisateurs, d’anticiper et de migrer leurs usages vers une autre technologie.

Car si à l’origine du projet, seule la téléphonie fixe était concernée et devait toujours fonctionner en tout-ip via par exemple l’ADSL, tant qu’une Box se chargeait de faire l’intermédiaire entre le téléphone et la prise commutée (en d’autres termes, les commutateurs ne se chargeraient plus de gérer la connexion entre les appelants, car celle-ci se ferait désormais par IP grâce à la Box et, de plus la ligne ne serait plus alimentée électriquement) , l’ambition d’Orange d’arrêter complètement l’exploitation du réseau cuivre est désormais officielle, en témoigne l’arrêt de la commercialisation de ses offres ADSL d’ici 2023. 

  1. Le Nord, 311 communes concernées dès 2023.

311 communes du Nord se trouvent sur l’une des premières plaques concernées par la fermeture de 2023. 

Plaque fermée en 2023 concernant 311 communes du Nord.

Concrètement, cela sous-entend qu’il ne reste que trois ans aux usagers des communes concernées pour migrer leurs services cuivrés vers d’autres options. Les entreprises et résidents de la région ont donc tout intérêt à anticiper et s’y mettre dès maintenant car ne nous y trompons pas : les retardataires auront à composer avec les prestataires sous-traitants des opérateurs nationaux,  souvent débordés et plus soucieux de tenir leurs engagements en nombre de raccordements que de la qualité de leur travail. Nous noterons d’ailleurs que le choix de cette plaque n’est pas un hasard : de par notre expérience dans les métiers des télécoms, nous avons pu constater combien le réseau RTC de la zone s’est dégradé, à tel point qu’Orange se devait d’en faire une priorité pour être en mesure d’assurer un service décent.

De plus en plus de professionnels considèrent l’option de se tourner vers un Opérateur Alternatif, pour qui la qualité et la satisfaction client priment, et qui ne considère pas leurs usagers comme de simples numéros de boîtier PTO. Chez Techcréa Solutions, nous assurons nous-même le déploiement de nos lignes FTTO (fiber to the office, fibre dédiée) et nous accompagnons les entreprises depuis la première prise de contact jusqu’à la mise en service effective. Notre service technique cultive le sens de l’humain et la passion du métier.

Le “tout fibre” soulève cependant quelques questions ; par exemple quid d’un backup multi-support ? Le RTC permettait entre autres de téléphoner (sous réserve d’un téléphone autoalimenté, “à l’ancienne” )  même si une habitation se retrouvait subitement privée d’électricité. 

Dans tous les cas, le meilleur moyen d’éviter d’être pris à défaut, c’est d’envisager dès maintenant la migration. Et c’est encore mieux si c’est avant vos concurrents ;). 

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3 – La compétitivité numérique

La concurrence, parlons-en ! Car si la France consacre autant d’efforts et de moyens à fibrer l’ensemble du territoire, c’est bien pour rester compétitive dans la sphère digitale, tant pour des questions de sécurité nationale que d’économie.

L’avenir est au big data, à la réalité virtuelle et aux intelligences artificielles. De plus en plus d’objets connectés trouvent une place dans notre quotidien. Le télétravail se démocratise et implique le transferts de fichiers parfois volumineux ou une connexion stable et sécurisée aux serveurs de l’entreprise. 

Les habitudes de consommation évoluent également : en avril 2020, le baromètre de Salesforce révélait une augmentation de 40% du nombre d’acheteurs uniques au premier trimestre, et une augmentation des revenus e-commerce de 20% dans le monde. Pour tenir la charge, les acteurs de la vente en ligne se doivent d’investir dans des serveurs puissants avec une connectivité adaptée au trafic généré. 

Les récentes tensions entre les États-Unis d’Amérique et la Chine au sujet de Huawei sont un bon indicateur de l’impact technologique sur la sphère géopolitique et économique. 

Bien sûr il serait dommage de terminer ce point sans parler des opérateurs eux-mêmes et de l’équilibre délicat (surveillé par l’Arcep, l’organisme de régulation des télécoms) entre la volonté de s’imposer sur le marché et la dépendance aux interconnexions concurrentes. 

En effet, pour garantir les meilleurs débits à leurs usagers, les opérateurs internet ont tout intérêt à multiplier les interconnexions entre eux. Pour faire simple, tout réseau fibre a un (ou plusieurs) point(s) de départ (NRO / noeud de raccordement optique), qui le relie au “reste de l’internet mondial”, et donc, souvent, directement aux concurrents. Certains opérateurs ont incorporé dans leur stratégie la taxation des flux de données circulant dans leurs réseaux :  par exemple Free et sa monétisation des flux entrants (raison pour laquelle Netflix, qui refusait de payer, a longtemps été de mauvaise qualité sur ce réseau). Il y a alors tout intérêt à multiplier les interconnexions afin de permettre la récupération et l’envoi de ces flux par d’autres voies, comme par exemple FranceX, beaucoup plus ouvert. Plus les interconnexions sont nombreuses et variées, moins un opérateur est dépendant d’un autre.  

4 – En conclusion 

Vous l’aurez compris, il y a tout intérêt à se mettre à la fibre optique ! 

Le domaine est en plein essor et représente un véritable enjeu économique, géopolitique – et professionnel : le Premier Chantier de France a besoin de main d’oeuvre !

D’ailleurs nous recrutons toujours un·e soudeur·e fibre expérimenté·e (pour rappel nous sommes basés à Marly dans le 59) :

Pour postuler : jobs@techcrea.com

Bien sûr, nous sommes loin d’avoir fait le tour de la question tant les enjeux et l’univers des télécoms sont vastes mais restez connectés : nous remédierons à cela dans nos prochains articles ;).

— Caroline PETER, Responsable Marketing et Communication chez Techcréa Solutions.

Quand l’état du Génie Civil français met en péril le plan France THD

Lorsque notre société Techcréa Solutions s’est lancée dans l’aventure excitante des métiers du télécom, nous étions loin de réaliser à quels défis et épreuves nous devrions faire face.

Certes, nous nous attendions à la difficulté de séduire de nouveaux clients, ou de les voir dans l’impossibilité de signer en raison des engagements interminables de certains contrats d’Orange ou de SFR. Ce que nous n’avions pas vraiment anticipé, en revanche, c’était l’état dans lequel se trouvait le Génie Civil télécom d’Orange. Nous étions, à cette époque, loin d’imaginer la situation actuelle.

Vous avez peut-être déjà croisé, lors de balades en ville, les armoires de mutualisation FTTH. Celles-ci permettent de distribuer l’accès internet pour tout un quartier (en moyenne 300 habitations). Avez-vous vu dans quel état se trouvent ces armoires depuis quelques années ?

Point de Mutualisation de Zone FTTH construit et géré par SFR en région Parisienne, en 2020

Combien d’entre-elles ne tiennent plus qu’avec du scotch, ne sont pas fermées et présentent parfois une véritable œuvre d’art de brassage réseau, mêlant spaghettis et nœuds coulants, une vraie recette de cuisine dont nous nous passerions bien ? Beaucoup trop.

Il apparaît désormais clairement que l’état déplorable de ces armoires ne constitue en réalité que la partie émergée de l’iceberg. En effet, les réseaux de génie civil sont généralement enterrés ; probablement afin de nous éviter les angoisses face à l’horreur qui réside sous nos pieds.

A tel point que grâce à notre expérience – qui pèse désormais plus de 7 ans dans ce métier – et notre volonté de vouloir assurer la main d’œuvre en interne, nous avons réuni à ce jour des statistiques aussi particulièrement intéressantes qu’inquiétantes.

En l’état actuel des choses, pour tirer une section de 10 km de câble, nous rencontrerons en moyenne entre 40 et 80 chambres, selon que le chantier se situe en zone rurale ou urbaine. Entre chacune, des sections de fourreaux en diamètre 42/45, 60, 80 voire parfois jusqu’à des conduites unitaires en fibrociment amianté 150mm.

Sur l’ensemble de ces ouvrages, nos tirages et expériences montrent que :

  • Au moins 2 chambres seront impossibles à ouvrir en méthode traditionnelle ;
  • Minimum 10 % du tracé choisi initialement sera inutilisable (fourreaux détruits ou fortement endommagés) ;
  • Au moins 10 % du tracé sera complètement saturé (impossibilité de pouvoir ajouter un câble) ;
  • Plus de 80 % du tracé ne dispose pas de ficelle d’aiguillage (le dernier opérateur à être passé n’en a pas remis).
Contenu d’une chambre télécom appartenant à Orange sur le secteur de Valenciennes en 2019

Il est tout à fait possible de demander à l’opérateur historique Orange, propriétaire de GC et obligé de louer à d’autres, de réparer celui-ci.

Dans les faits, le traitement d’une demande prend en moyenne dans les 10 à 24 mois suivant la notification de casse ou de saturation. L’obligation complémentaire de  réaliser une étude complète de la casse, avec photo, relevés, piquetage, et géo-référencement cartographique, contraint à dépenser de nombreuses ressources humaines en bureau d’études, afin de simplement pouvoir déposer la notification auprès du propriétaire de ce réseau.

Evidemment, tous ces frais, engagés aux dépens de l’opérateur qui déploie, ne sont pas pris en charge par l’opérateur propriétaire de l’infrastructure. Une étude peut représenter un coût de 500 à 2000 € HT selon la longueur et la nature de la casse, et de la durée de l’échange avec Orange.

Au-delà de ces préoccupations de l’état du Génie Civil, chez Techcréa Solutions, nous nous posons la question du devenir de l’infrastructure FTTH.

En effet, quand on voit, à peine 5 ans après le lancement en grande pompe du déploiement national, des RIP et zones AMII renégociées, on ne peut faire qu’un seul constat : Le réseau est dans un état CATASTROPHIQUE.

Nous ne comptons plus le nombre d’appels d’usagers de services produits par d’autres opérateurs qui sollicitent notre aide afin de solutionner des problèmes de connexion qui peuvent durer depuis des mois, des écrasements intempestifs de ligne ou des problématiques de débit aux heures de pointe alors que ces usagers sont raccordés à une infrastructure FTTH et disposent d’une offre commerciale Très Haut Débit.

Vandalisme sur un câble Fibre FTTO Techcréa Solutions hébergé en GC Orange en Août 2020

La réalité est que l’état du réseau génère mécaniquement ces problématiques de qualité de service ou d’interruption totale.

Il est important de se poser la question : Pourquoi le réseau est-il dans cet état alors qu’il n’a que 5 ans ?

Il existe plusieurs raisons identifiées à ce jour et, l’Etat ou l’ARCEP n’apportent aucune réponse concrète pour le moment (bien que l’ARCEP semble vouloir se réveiller un peu dernièrement à ce sujet) :

  • Le niveau de formation catastrophique des sous-traitants, et/ou le nombre d’étages de sous-traitance sont particulièrement néfastes pour une exploitation dans les règles au quotidien. La mutualisation génère l’intervention de plusieurs techniciens différents parfois en une seule journée, dans la même armoire.
    Avec des ordres et des routes optiques incohérentes, ou qu’ils ne comprennent pas, les écrasements de ligne sont particulièrement fréquents ;
  • Le niveau de rentabilité qu’exigent les opérateurs sur les sous-traitants est incompatible avec un travail de qualité et réalisé dans l’état de l’art.
    Un sous-traitant se fait payer entre 30 et 80 € pour un raccordement ou une mise en service. Avec un temps d’intervention en moyenne de 2h par client, et en étant seul à intervenir, le niveau de marge du sous-traitant l’oblige à réaliser un nombre important d’interventions chaque jour, au risque de bâcler la plupart d’entre-elles ;
  • L’Etat du Génie Civil existant est dans un état tellement catastrophique et négligé par l’ensemble du corps de métier que le tirage de câble autour d’autres réseaux existants devient particulièrement périlleux. Il est d’ailleurs très courant de voir de nombreux sous-traitants utiliser les boîtes d’épissure fixées au mur pour descendre dans les chambres, en prenant appui sur elles, au lieu d’utiliser une simple échelle, dont ils ne disposent d’ailleurs généralement pas.

    Avec l’AOTA, nous avions pourtant tenté de faire évoluer le marché en demandant la séparation structurelle d’Orange.

En conséquence de cette situation, Techcréa Solutions a pris depuis longtemps la décision de mettre en œuvre un système de supervision particulièrement efficace et réactif, ce qui nous permet de nous tenir informés en temps réel de toute coupure d’accès internet pour l’ensemble de nos clients.

Une fois la coupure signalée, le système transmet instantanément les informations aux équipes sur le terrain, qui se rendent sur le secteur afin de réaliser un premier diagnostic de la panne. Cette rapidité d’intervention nous permet de pouvoir généralement constater qu’un sous-traitant intervient dans le génie civil et a dégradé notre réseau.

Lorsque nous prenons celui-ci sur le fait, et sous couvert d’un constat d’huissier, nous assurons ainsi la prise en charge de nos réparations par ces derniers, et mettons en œuvre immédiatement les opérations de remise en service.  

image perf
Centre de supervision NOC de Techcréa Solutions basé à Marly (59)

Cette supervision performante nous permet également d’assurer au mieux nos garanties de délais de rétablissement, de 4h ou 8h, en toutes circonstances. En effet, en 2019, sur plus de 17 casses complètes de câble imputables à un tiers, nous avons pu retrouver les responsables de 14 d’entre elles , et nous avons pu respecter notre GTR dans 92 % des cas.

Nous pensons que l’aspect déterminant de la réussite est avant tout l’esprit de proximité. C’est parce que Techcréa Solutions est un opérateur local, proche de ses clients comme de son réseau, que nous sommes à même de pouvoir assurer une maintenance et une surveillance performantes et efficaces en cas de panne. C’est ce qui nous permet, en tant qu’opérateur local et malgré des moyens limités, de respecter notre GTR (Garantie de Temps de Rétablissement) dans la presque intégralité des cas. Cela nous serait strictement impossible avec l’organisation d’un opérateur national, soit une agence unique par région administrative et une armada de sous-traitants désabusés par leur rémunération et la charge de travail qui leur est imposée.

Envie d’en savoir plus sur notre système de supervision ? Visitez régulièrement ce blog, nous y dédierons prochainement un article 🙂

– Jérémy MARTIN, PDG de TECHCRÉA SOLUTIONS et membre du CA de l’AOTA

FirstHEBERG.com fait sa rentrée !

Les vacances sont finies, il est temps de reprendre le chemin de l’école ou de l’entreprise !

Et chez FirstHEBERG, on redémarre fort avec toute une série de nouveautés qui arriveront d’ici la fin de l’année ! (en plus de notre super blog !)

  • Un wiki tout neuf : on s’est dit qu’il était temps de rafraîchir un peu le wiki actuel. La nouvelle mouture sortira prochainement, plus lisible, avec une navigation plus ergonomique et des tutoriels pour vous aider à prendre en main vos services d’hébergement mutualisés, VPS, Serveurs dédiés ou encore noms de domaine.
  • Les dernières distributions de vos systèmes d’exploitation préférés (cc CentOS 😉 )
  • Une refonte de certaines infras pour améliorer la qualité de service, notamment concernant les instances mutualisées. Nous allons également mettre en place un système pour réduire les files d’attente d’installation VPS qui peuvent parfois se former lorsque beaucoup de monde commande en même temps.
  • De nouvelles fonctionnalités de paiement, notamment la possibilité de renouvellement automatique via Paypal.
  • Un nouveau système de reward sur notre Discord avec une refonte complète des rangs et des récompenses.

Pour fêter ça et vous donner un petit coup de pouce dans vos projets, on a mis en place une petite promo ! Profitez de 10% de réduction pour tout nouvel achat de VPS, valable jusqu’au 10/09/2020 (GMT + 2:00) avec le code : WORK20

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